Bien qu’intimement liés, les concepts de croissance, de population et de protection sociale font montre d’évolutions disparates. La situation actuelle est en vérité contrastée : dans le monde développé, la population stagne ou régresse, la croissance est molle et la protection sociale recule ; dans les économies émergentes, la croissance épouse des profils divergents cependant que population et protection sociale se développent ; dans les pays pauvres, où la croissance est plutôt robuste, la protection sociale progresse timidement et la population explose. Aussi, au su des leçons de l’expérience, est-il permis de prétendre qu’il n’est pas de civilisation rayonnante sans démographie expansive, de vitalité démographique sans progrès économique, de protection sociale pérenne sans expansion affirmée ni natalité soutenue.

Face aux menaces de toutes sortes qui pèsent sur l’évolution de la planète et entravent plus ou moins sévèrement les progrès enregistrés ici et là, il semble d’autant plus nécessaire et utile d’en analyser les conséquences multiformes que le monde se caractérise par une incontestable globalisation. Cette globalisation n’efface pas les différences, au contraire, par bien des aspects elle en accentue les écarts (notamment entre les pays développés, les pays émergents et les pays en développement) et requiert des politiques idoines pour affronter les risques liées aux menaces évoquées.

Avoir pour ambition de discuter de l’efficacité de la Science économique a toujours été au cœur du métier du chercheur dans cette disciple, tant il est souvent confronté au questionnement de l’utilité (ou de l’inutilité) de son métier face aux nombreux problèmes de développement dans le monde. C’est une ambition légitime  qui autorise à approfondir et débattre de la question de l’efficacité sociale de la science économique et des recherches qui lui sont associées de manière aussi large que possible : utilité sociale, promotion d’une meilleure efficacité productive, examen d’un meilleur fonctionnement des marchés, analyse de la pertinence des mesures de politique économique, étude de la croissance et du développement, conditions d’une meilleure harmonie sociale et internationale…

La survenance de la pandémie à Covid-19 dès la mi-2019 a bouleversé le fonctionnement de l’humanité et paralysé l’activité économique à tous points de vue. Le Congrès qui était prévu pour se tenir en 2019 a été, comme de nombreux événements dans le monde, différé sine die en attendant une accalmie salvatrice planétaire. Emprisonnés par le confinement imposée par la pandémie, les chercheurs de tous bords, tout comme leurs réflexions, y compris principalement ceux de l’AIELF ont dû se rendre à l’évidence de l’impuissance de leurs recettes pour conduire à la finitude d’un phénomène relativement rare dans le temps long, mais porteur d’un torrent de désordres physique, sanitaire, démographique, économique, factuel, théorique et empirique qui confinent à la modestie. Le consensus dégagé à la fin du Congrès de Santiago au Chili sur la pertinence du thème de la « monnaie » (au sens large), incontestable viatique de la finance et du développement, comme sujet de rencontre scientifique a trouvé un regain de vitalité avec les secousses subies par l’instrument de change aux prises avec la décision publique malmenée par la Covid-19.

L’histoire des faits économiques étudie les phénomènes économiques du passé, en utilisant les méthodes de l’histoire et de l’économie. Elle examine comment les humains ont organisé la production, les échanges et la consommation au fil du temps, en analysant les données historiques, les institutions, les pratiques sociales et les idées économiques. L’histoire des théories économiques quant à elle étudie globalement les quatre grandes approches des problèmes économiques qui se sont développées depuis deux cents ans : celle des économistes classiques, dont Adam Smith et David Ricardo sont les représentants les plus illustres ; celle de Karl Marx ; l’approche néoclassique – aujourd’hui dominante – illustrée à la fin du XIXème siècle par Léon Walras et Alfred Marshall ; enfin – depuis les années trente – la problématique keynésienne du nom du plus grand économiste du siècle : John Maynard Keynes. La pandémie à Covid 19 était apparue comme étant une secousse mondiale perturbatrice du semblant d’équilibre existant. Les chercheurs de l’AIELF se sont aperçus qu’en réalité, l’instabilité était finalement consubstantielle à la vie économique des nations et à celle des entreprises. Or, l’histoire de faits et des théories économiques en sciences économiques est (à) la base de l’histoire des faits et des théories en sciences de gestion. Cela a constitué le fondement de la réflexion menée pour appréhender la question de l’instabilité de manière holistique.